Petites histoires

Des anecdotes, des histoires plus ou moins cocasses, il m’en est arrivé durant ces 59 ans de navigation.

Je vais vous en conter quelques-unes ci-dessous.

Un nom porte bonheur

Pour moi, IZNOGOUD est plus qu’un nom. Vous savez, les marins sont superstitieux… Ce patronyme est pour moi un porte-bonheur, un nom protecteur comme ces automobilistes qui avaient dans le temps un Saint Christophe dans leur voiture.


Imaginez un jour pendant un championnat de France de catamaran à Quiberon. Je participais avec Jean Yves BRIGNON à cette compétition sur un Dart. Nous courions sur un bateau acheté en copropriété avec un copain qui ne pouvait pas être présent à cette épreuve. Donc ce bateau était mon seul bateau qui ne s’appelait pas IZNOGOUD.

Le deuxième matin, nous avons eu la surprise de trouver des restes de spaghettis mal digérés dans une coque et des excréments dans l’autre. Heureusement les fautifs n’avaient pas remis en place les trappes…

Puis sur l’eau tout allait mal, plein de problèmes plus ou moins embêtants. Le plus grave, nous avons heurté une bouée en peine vitesse et l’avant d’une coque s’est ouverte…

Le soir, pendant la réparation j’ai arraché le nom et l’ai rebaptisé avec un feutre indélébile.

Devinez quoi ? Nous avons gagné la dernière course…….

 

Championnat de France cadet à Hyéres en 1968

C’est mon premier championnat de France avec Jean Dardet en 420. Pour cette occasion, n’ayant pas mon permis de conduire, c’est mon père qui nous accompagnera. Papa dort à l’hôtel et nous en dortoir avec tous les jeunes. Et donc beaucoup de bazar  ! D’où intervention des membres de l’organisation. Mais les esprits s’échauffent...


Le championnat de situe pendant les vacances de Pâques, plus particulièrement autour du 1er avril. Devinez quoi ? Nous allons dans la nuit 31 mars au 1er avril échanger le drapeau tricolore qui flotte au-dessus du club par un énorme poisson en carton. Ce ne sera vraiment pas du goût des organisateurs. Menaces de représailles de leur part. Ceux qui ont gardé le drapeau ne vont pas s’arrêter là ! Ils vont dessiner un maxi SHADOOK sur la partie blanche. 

Je reconnais avec le recul que remplacer le drapeau n’était pas très malin, mais quand on est jeune, en groupe, il y a surenchère de bêtises et on perçoit pas la portée de nos actes. Les artistes en herbe s’en sont tirés à bon compte. Ouf !

Une drôle d'histoire à Maubuisson !

Je suis un adepte des compétitions en voile. On peut dire que je ne vie pratiquement pour cela et cela dure toujours à l’âge de 69 ans. Mais j’aime aussi partager mes passions. C’est pour cela que j’ai décidé de créer une école de sport au CV Touraine. Bien avant que la fédération de voile ai eu l’idée. Le principe était simple. Le club fournissait le bateau pendant une période, puis les parents, voir le jeune se débrouillait pour acquérir son propre matériel. Le club proposait alors des l’Equipe, des 420, des Europes et des X4. Le groupe de jeunes réalisait de très bons résultats. Pendant les 3 ans de fonctionnement, le CVT a été classé dans les 6 premiers clubs français. Pour en arriver à ce résultat, les déplacements étaient nombreux.


C’est donc un de ces déplacements que je vais vous relater ci-dessous.

 

Nous étions partis avec le camion du club et une remorque pouvant supporter une demi-douzaine de bateaux à Maubuisson près de Bordeaux. Dans le camion, j’avais avec moi 7 jeunes qui au bout de 5 h 00 de route était plus ou moins énervés. Après avoir laissé la remorque au club, nous nous rendons au gîte situé au milieu de la pinède. La place pour se garer est exiguë, il fait nuit… Les jeunes descendent du camion et me guident. Mais aucun d’eux me donnent la même indication, je fais donc la manœuvre à ma sauce.  Après s’être garé, nous nous apercevons que j’ai laissé une belle trace sur la porte d’une 505 pratiquement neuve, mais pas très propre. Oui, c’est bien moi qui ai fait cela ! Trace de mon pare-chocs arrière, même hauteur, même épaisseur. A l’époque, j’aidais mon père garagiste peintre à la tôlerie au garage. J’inspecte la porte, pas d’enfoncement. Qu’a cela ne tienne, je sors le pot de polish et le coton. Pendant que les jeunes faisaient le guet, je répare les dégâts. Plus de trace, formidable. Tout est rentré dans l’ordre, nous pouvons aller nous coucher.

Le lendemain matin, au bar du club. Oui, moi je ne cours pas, je suis entraîneur, je peux m’accorder ce petit plaisir. Donc au bar, une personne est en train d’expliquer au barman « La semaine dernière, je me suis fait abimer la porte de ma voiture à Paris, et ce matin, j’ai découvert la porte de ma voiture réparée » Silence complet de ma part, je suis sorti du club pour raconter l’anecdote aux jeunes. Franche rigolade générale !

 

La semaine de La Rochelle avec un plâtre

1981, dix jours avant la semaine de La Rochelle, je me fais une entorse en descendant d’un bus. Direction l’hôpital pour y être plâtré. Surprise et gros coup de chance, l’interne qui doit réaliser le plâtre est la personne à qui j’ai vendu un de mes 5O5. Je lui explique que je voudrais naviguer ! Il va prendre sur lui de me faire un plâtre époxy, ce qui était encore rare à cette époque.


Nous voici donc arrivés à La Rochelle. Nous nous présentons à la chaîne d’inscription. Au moment de passer à la pesée, Clade Harlé présidente du comité de course, me demande de descendre de la balance en m’expliquant qu’elle n’a pas de temps à perdre. Je lui rétorque que je cours la semaine de La Rochelle. Très ennuyé, elle me demande de passer dans la pièce contiguë. « Patrick, en raison de notre amitié, je te demande de ne pas courir » Une petite discussion s’en suit, je lui promets que je ne ferais pas le tour de l’ile de Ré. Elle finit par accepter que je fasse que les manches classiques. Voici comment je me suis retrouvé sur un trampoline avec un plâtre.

Manches que je ferais avec un sac poubelle fixé au-dessus du plâtre par un élastique. Nous finirons avec Stéphan Papin 6ème sur les 80 catamarans engagés. 

 

C’est Stéphane équipé de sa copine qui ont participé au tour de l’ile.

 

Un championnat d'Europe houleux

Avec Philippe Auclair, nous sommes sélectionnés pour le championnat d’Europe Junior à Morges en 420 sur le lac Léman en Suisse en 1974. C’est mon père qui nous accompagne pour ce championnat. Le décor est fantastique, c’est un réel plaisir de naviguer au milieu des montagnes et surtout avec un vent régulier. Bref un très beau championnat. Mais des jeunes avec une bride trop serrée, cela donne des débordements !

Cela commence toujours par de petits faits sans importance, mais lorsque les conséquences sont disproportionnées, avec la tension du au championnat, la réaction des jeunes est imprévisible. Pour une question de baromètre et d’un jeu avec un chien sur le parking à bateau, tout va dégénérer.

 

Le baromètre, il se trouvait à l’entrée du club, un bel appareille enregistreur à tambour...A chaque fois que nous passions devant, un petit coup de doigt pour voir si le levier avait bougé. Conséquence, au bout d’un moment, il n’y avait plus une fine trace mais un gros gribouillis. Pierre FEHLMANN, le président du club nous a réunis en nous annonçant qu’il allait nous «mâter». 

 

Sur le parking, on jouait avec un chien à lui envoyer un chiffon qu’il nous rapportait systématiquement. A mon tour, le chien venant sur moi, je lance la guenille en arrière sans regarder où je l’envoie. Ledit chiffon atterrit sur le ventre d’un quidam passant par là. Et pouf par terre le bonhomme ! Vexé, le soir, ce monsieur viendra garer sa voiture sur nos emplacements de bateaux  en représailles.

Mais ce n’est que le début de conflits en crescendo. Le président fait mettre une grille pour protéger le baromètre. Certains n’ayant pas apprécié la façon de faire du président continueront toujours à titiller le baro avec des petites branches de bois à travers les trous du grillage… Le président prendra l’initiative de faire venir deux policiers pour nous surveiller ! Pour ce qui est du véhicule garé sur les emplacements réservés aux 420 du championnat, celui-ci se retrouvera au pied d’une statue, statue entouré d’une grosse chaîne. Nous refuserons de l’enlever, il faudra faire appel au véhicule chargé d’emporter les véhicules à la fourrière pour le dégager. Par la suite nous verrons le nombre de policiers augmenter. L’engrenage était en route…

Les débordements vont devenir nombreux. Je ne les cautionnerai pas tous, je ne les partagerai pas tous ... Des petites annexes coulées dans le port pour avoir été trop nombreux à bord ; Une prise d’assaut d’un bateau à aube touristique. D’autres ont même poussé le vice à vouloir prendre le couvercle d’un cercueil vendu par un magasin local pour  soi-disant en faire une dérive. (Dérive total des jeunes oui !) L’artisan ayant porté plainte, un équipage s’est retrouvé en prison. Imaginer alors la totalité des équipages marchant vers la gendarmerie pour le libérer, dans ce petit village suisse bien tranquille !

L’apothéose, ce sera le dernier soir. Nous étions logés dans une caserne désaffectée. Trois lances à incendie se sont retrouvées au même étage et ont servi d’armes pour une bataille à l’eau. Comme tout était trempé, nous décidons de partir à la découverte de Morges by night. Mais bien sûr en emmenant avec nous la guérite d’entrée de la caserne ! Guérite que nous avons placé à l’entrée d’une boite de nuit... pour filtrer les entrées ! Cela n’a pas duré une éternité. Nous avons été rapidement raccompagnés à notre caserne.

                                                                                                        Pierre FEHLMANN

Pour finir, je tiens à vous raconter le coup d’éclat de Philippe Auclair, mon équipier, lors de la remise des prix. Pierre Fehlmann, le président du club annonce les résultats en commençant par les derniers,  trois français. Le président commente : « Je vois que les français cumulent ».  Sur le podium, 3 français à nouveaux. Philippe, qui était avec moi sur la troisième marche, annonce à haute voix : « Où sont les petits suisses ? Je vois qu’ils ne sont pas pressés ! ».

 

J’avais19 ans. Depuis, je me suis calmé. Progressivement !